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Ce que je crois...
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19 décembre 2007

Croissance et pouvoir d'achat

On n'entend plus parler que de ça depuis des jours maintenant : le pouvoir d'achat des Français est en baisse. Et chacun de nous le sait bien. On n'a besoin ni du gouvernement, ni du président, ni des journalistes, pour nous en rendre compte au quotidien !... Et inutile d'essayer de nous leurrer, comme on le fait souvent dans les débats qui sont consacrés au sujet ("C dans l'air" la semaine dernière sur France 5 par exemple). Ca n'est pas une impression, comme on tente de nous le faire croire, mais bien une réalité tangible.

Ceci étant dit, il reste deux questions qui pour moi, aujourd'hui, restent sans réponse claire. Et  à chacune de ces questions, plusieurs réponses sont possibles :

I - Qu'est ce que le pouvoir d'achat ?

  1. Ce peut être, en volume, ce que l'on peut acheter avec ce que l'on gagne.
    Ceci est la définition sur laquelle se base implicitement l'INSEE pour calculer le fameux "indice des prix à la consommation". Mais en procédant ainsi, on inclut dans le calcul un certain nombre de produits que nous n'achetons que tous les 4 ou 5 ans : la voiture, l'électroménager, les travaux d'entretien de l'immeuble, etc, etc... S'il s'avère que, sur une période donnée, ces prix baissent , et influent donc à la baisse sur l'indice des prix, il est bien évident qu'ils n'influencent pas nos dépenses courantes, c'est le moins qu'on puisse dire ! Et si, dans le même temps, le prix du bifteck prend 15 %, on aura bien du mal à admettre la véracité de l'indice des prix !
  2. Ce peut être aussi ce qui reste à dépenser quand on a payé les "dépenses incompressibles" comme le loyer, l'électricité, le gaz, l'eau, les impôts, etc... La liste est longue.
    Cette définition est beaucoup plus proche du "ressenti" de chacun d'entre nous. Le gouvernement a d'ailleurs demandé à l'INSEE de mettre au point un nouvel indice qui ira dans ce sens. On risque fort d'avoir des surprises !... Encore faudra-t-il que l'assiette de ce nouvel indice soit déterminée avec logique, et non dans le but, comme souvent, de faire dire aux chiffres ce qu'on a envie d'entendre...

II - Comment ça marche ?

Il n'y a que deux leviers sur lesquels on peut agir : soit on augmente les revenus, soit on diminue les prix, soit encore, bien entendu, les deux à la fois !

  1. Augmenter les revenus
    Il s'agit, essentiellement, d'augmenter les salaires et les retraites. Pour ce qui est des autres revenus, comme les revenus financiers ou industriels (les dividendes), c'est l'activité économique qui en est directement la source. Et ça ne se commande pas.
    Un certain François Mitterand, il y a 26 ans maintenant, a appliqué cette méthode, qui a porté largement ses fruits... pendant six mois ! Et puis on s'est aperçu que les entreprises ne pouvaient pas suivre, que ces augmentations de revenus, artificielles puisque ne reposant pas sur des créations de richesses, ne généraient pas la croissance attendue, et il a fallu ensuite des années de rigueur, pour finalement ne jamais s'en remettre : on paie encore cette erreur aujourd'hui, avec bien d'autres commises depuis dans le même esprit.
    Il n'y a en fait qu'une seule méthode pour augmenter les revenus, et c'est la croissance économique, c'est à dire l'augmentation de la production de richesses.
    En clair, il faut produire plus (donc travailler plus), pour vendre plus, à moindre coût, et ainsi générer plus de profits qui permettent de payer mieux tout le monde. Ceux qui tiennent un autre raisonnement sont soit des rêveurs soit des menteurs.
  2. Faire baisser les prix
    Il y a, comptablement, plusieurs méthodes pour y parvenir
  • Réduire le prix de revient à la fabrication.
    Mais un certain nombre de facteurs échappent à la volonté des industriels : les prix des matières premières, les taux de change internationaux, le prix de l'énergie, les charges sur les salaires, etc..
  • Abaisser le coût du travail.
    Le coût du travail est pour nombre de produits le principal composant du prix de revient. D'où la pratique de plus en plus courante qui consiste à faire fabriquer les produits dans des pays à moindre coût de main d'oeuvre. Si c'est une bonne solution pour le fabricant lui-même, c'est une véritable catastrophe d'un point de vue macro économique : par cette pratique, on alimente le chômage, et donc on affaiblit la croissance par la réduction des capacités d'achat, et donc du volume de la consommation intérieure.
    Il faut au contraire contenir les coûts de main d'oeuvre, de manière à conserver l'emploi, et donc à soutenir la consommation.
  • Réduire le nombre d'intermédiaires entre la fabrication ou la production et la distribution.
    Il est absolument anormal que les prix soient multipliés par deux, trois, voire quatre, du producteur au détaillant !
  • Faire bénéficier le client final des remises obtenues par les centrales d'achat, dans la grande distribution notamment.
    Il faut pour cela abroger, notamment la loi Galand.
  • Accroître la concurrence entre les enseignes.
    Il est absolument anormal qu'au nom de la soi-disant défense du petit commerce, qui malgré ça ne fait que survivre, on interdise à une enseigne de s'implanter à proximité d'une autre. Ce faisant, on institue des "rentes de situation" où bien souvent, même les magasins de surface moyenne, voir petites, qui s'implantent à proximité d'un hyper-marché, appartiennent au même groupe financier que l'hyper en question, et donc ne lui font qu'une concurrence apparente. Les "hard discounters" sont ainsi le plus souvent la propriété des grandes enseignes telles que Carrefour, Casino, ou les autres...
    La concurrence est le principal, sinon le seul moyen de contenir les prix. Il faut absolument la favoriser, en abrogeant les lois Royer et Raffarin.
  • Agir sur la fiscalité au sens large, c'est à dire à la fois sur les impôts et les charges sociales.
    Le gouvernement aurait l'intention (?...) de créer un taux intermédiaire de TVA à 12 % sur certains produits. Apparemment, il s'agirait des produits respectueux de l'environnement. Ca parait a priori être une bonne chose. D'une part une réduction significative de la TVA est à elle seule une augmentation de pouvoir d'achat, et même si ce nouveau taux ne concernerait que des produits aujourd'hui plus chers que des produits similaires non "bio", la réduction de prix découlant de cette baisse de TVA aurait toutes les chances d'être supérieure à la différence de prix actuelle.
    D'autre part, les consommateurs vont bien sûr plébisciter ces produits-là, devenus moins chers, et donc les fabricants et les distributeurs vont les privilégier. Et tout le monde sera gagnant.
    Pour ce qui est des charges sociales, je considère qu'il est tout à fait anormal qu'elles ne soient calculées que sur la masse salariale, ce qui incite mécaniquement les entreprises à avoir moins de salariés, et à les payer moins cher.

Deux remarques importantes pour terminer

  1. Je suis pour ma part tout à fait favorable à l'instauration d'une TVA sociale, en remplacement des charges patronales dont le montant actuel serait réincorporé dans le salaire net. Les prix augmenteraient d'autant, mais les salaires seraient augmentés dans une bien plus grande mesure, et voilà bien une taxe propre à augmenter significativement le pouvoir d'achat, et accessoirement à financer mieux et plus équitablement les régimes sociaux.
  2. Le soutien du niveau des salaires par la croissance ne résout pas le problème du niveau de rémunération des fonctionnaires, leurs salaires n'étant pas directement le fruit de la production de richesses. Le maintien, voire l'augmentation, de leurs revenus en euro constant, et donc de leur pouvoir d'achat, ne peut être que pris sur le budget de l'état ou celui des collectivité territoriales, c'est à dire dans tous les cas sur l'impôt. Il est donc nécessaire, à nombre de fonctionnaires constant, que le produit global de l'impôt augmente au moins d'autant. Or, le niveau des prélèvements obligatoires est déjà, dans notre pays, beaucoup trop élevé !
    La solution consiste donc, et le gouvernement actuel a tout à fait raison à ce sujet, à réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires. Il faut en fait réorganiser complètement la fonction publique : supprimer des fonctionnaires partout où cela est possible, tout en créant des postes là où il en manque. A solde négatif bien évidemment.
    D'autre part, une violente polémique existe entre l'état et les syndicats au sujet du pouvoir d'achat des fonctionnaires. Il semblerait que les syndicats focalisent leur attention sur la valeur du point d'indice, alors que le ministre de la fonction publique tient à bon droit à prendre en compte l'intégralité des postes qui composent les rémunérations, c'est à dire notamment en incluant les diverses primes.
    Je suis persuadé que très peu de personnes sont capables de comprendre, tant le mode de calcul des rémunérations des fonctionnaires est complexe. Sous des prétextes divers et variés, cette complexité s'est accrue lamentablement au fil des décennies, au point qu'on est aujourd'hui devant un système carrément incompréhensible par le commun des mortels... Je pense qu'il faut sans tarder simplifier tout ça. Pourquoi les salaires dans le secteur public devraient-ils être calculés différemment de ceux du secteur privé ? Le salaire est la contrepartie du travail fourni, dans un cas comme dans l'autre. Dans un cas comme dans l'autre, il devrait donc être fixé de gré à gré, et sans multiplier les cas particuliers donnant lieu à des primes, indemnités forfaitaires et autres. Le système y gagnerait en clarté, et supprimerait certaines manoeuvres douteuses.
    En outre, je considère que la "promotion à l'ancienneté" est une fumisterie et qu'elle n'encourage que l'inefficacité. Le gouvernement voudrait instaurer la promotion "au mérite". Je pense qu'il ne faut pas employer ce mot-qui-fâche, mais qu'il faut le faire quand même !
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