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4 janvier 2008

Un malaise à l'hôpital...

Il fallait bien s'y attendre, et le climat social dans la fonction hospitalière, déjà calamiteux depuis longtemps, est en passe de devenir insupportable...

Après les infirmières depuis de nombreux mois, les obstétriciens depuis l'an dernier, les urgentiste depuis noël, les anesthésistes se sont à leur tour mis en grève hier. A noter que les dentistes libéraux, de leur côté, se préparent à lancer également un mouvement de protestation, s'estimant défavorisés par rapport aux médecins libéraux, lesquels pensent eux-aussi qu'ils sont mal considérés, surtout du point de vue de leurs revenus. C'est finalement tous les professionnels de santé, hospitaliers ou libéraux, qui s'insurgent contre leurs conditions de travail et de rémunérations.

Il n'est pas dans mes habitudes d'aller dans le sens des revendications syndicales, lesquelles sont le plus souvent dogmatiques et corporatistes, mais une fois n'est pas coutume, et on ne peut que constater que le système de santé, en France comme dans d'autres pays comparables d'ailleurs, est au moins aussi malade que la plupart de ses patients.

Pour ce qui est de la seule fonction publique hospitalière, et pour ne parler que de l'aspect financier du problème, 23 millions d'heures supplémentaires et 3,5 millions de jours de travail bloqués sur des "comptes épargne temps" ne sont à ce jour ni payés, ni même financés. Le coût total est évalué à environ 900 millions d'euros, et Roselyne Bachelot, ministre de la santé, annonce disposer de 572 millions d'euros, dont 324 millions fournis par les hôpitaux eux-mêmes, et prétend avoir "les moyens de faire face très raisonnablement aux demandes" !.. Je ne suis pas expert en comptabilité publique, mais je ne comprends pas bien le raisonnement de Madame la ministre.

Voilà pour le constat. Mais il ne suffit pas. Nos responsables politiques, qui sont rappelons-le en charge de ce service "régalien" et "opposable" qu'est la santé publique, sont au pied du mur, et n'ont d'autre choix, pour être (enfin...) crédibles, que de trouver des solutions.

Pour ce qui est d'apurer les comptes et de payer ce qui est dû, il me paraît bien évident que la seule solution consiste à prendre sur le budget du ministère, c'est à dire sur le budget de l'état, c'est à dire encore sur nos impôts. Ne rêvons pas, il faudra bien que le contribuable "éponge" la dette, sauf à creuser encore le déficit cumulé que Nicolas Sarkozy s'est pourtant engagé à réduire...

Pour le reste, c'est à dire le fond du problème et le souhaitable équilibre des comptes dans l'avenir, le problème est encore bien plus grave, et je vais essayer d'expliquer ici ce que je pense à ce sujet.

1 - Comme dans la plupart des domaines depuis des décennies, les pouvoirs publics ont pêché par orgueil et par paternalisme.

Par orgueil :

  • D'abord en considérant que la Puissance Publique était capable à elle seule de résoudre comme par magie la quadrature du cercle qu'est le fait de laisser les gens choisir leur niveau de consommation médicale et malgré cela en prendre en charge quasi intégralement le coût. C'est la raison principale du "trou" de la sécurité sociale, dont on sait qu'il est dû essentiellement à la surconsommation médicale.
  • Ensuite en refusant trop longtemps, et jusqu'à aujourd'hui en tout cas, de prendre les vraies mesures efficaces nécessaires pour y remédier, au nom du maintien d'un soi-disant "meilleur système de santé du monde"

Par paternalisme :

  • L'état se comporte, ici comme à tout propos, comme s'il considérait le citoyen comme un mineur nécessitant une attention de tous les instants, ce qui se traduit par un interventionnisme exacerbé conduisant mécaniquement à un insupportable assistanat.
    C'est ainsi que la Sécurité Sociale, cette institution que nous ont envié tant de pays qui l'ont copiée en son temps, est devenue en France un monstre dont le budget est plus important que celui de l'état lui-même, dont la charge pour l'économie est tout simplement insupportable, dont les comptes sont en perpétuel déséquilibre, dont la gestion est calamiteuse en raison même, notamment, de sa taille, et dont le budget de l'état est obligé de renflouer le déficit chaque année un peu plus.

2 - Il faut que la Sécurité Sociale cesse d'être ce "guichet ouvert" auquel chacun vient puiser sans véritable contrôle :

  • Comme tout service public, l'assurance maladie ne doit être là que pour fournir l'indispensable et non le superflu. En matière de santé, cela signifie garantir le "gros risque".
    De quoi s'agit-il ? Il me parait totalement anormal que, sauf pour les très bas revenus, l'assurance maladie intervienne pour rembourser, même partiellement, des soins peu onéreux ou concernant des affections très bénignes. Son rôle n'est pas celui-là.
  • Le volume de la consommation médicale doit être contrôlé efficacement. Il est anormal que l'assurance maladie rembourse automatiquement et presque sans contrôle tous les actes médicaux et tous les médicaments prescrits. Pour ce qui est des actes médicaux, la mise en place du "médecin référant" va dans le bon sens, mais c'est encore insuffisant. En effet, les médecins libéraux sont par nature très sensibles à l'influence de leurs "patients", qui sont en fait leurs clients, et auxquels ils peuvent difficilement refuser telle prescription médicamenteuse ou telle batterie d'analyses, même s'ils ne les jugent pas indispensables. Il faut donc bien que des contrôles plus efficaces soient mis en place.
  • L'hôpital doit être payé à l'acte, et non pas au forfait journalier comme aujourd'hui. Il faut que la dépense soit directement calquée sur le coût. Certains hôpitaux sont sévèrement défavorisés par le système actuel.
  • L'hôpital est une entreprise comme les autres, et ses investissements n'ont pas à être pris en charge par l'assurance maladie. Les équipements médicaux des établissements publics ne doivent pas plus être à sa charge que ceux des établissements de soins privés.

3 - Il faut redonner au citoyen sa part de responsabilité dans la gestion de son système de santé. La Sécurité Sociale n'est pas comme une compagnie d'assurances : elle ne peut refuser personne. Il s'agit donc bien en fait d'un organisme de solidarité nationale. Or, la solidarité consiste pour les forts à venir en aide aux faibles. Il n'est donc pas normal qu'elle intervienne dans les mêmes proportions au bénéfice des uns et des autres. En d'autres termes, le montant du "ticket modérateur", c'est à dire de la part qui reste à la charge du patient, devrait être fonction des revenus dudit patient.
Ce sont ensuite les garanties complémentaires, c'est à dire les mutuelles, qui interviennent pour la différence, à charge par ces mutuelles de fixer leurs cotisations en accord avec leurs clients, en fonction si elles le jugent utile de leurs revenus.

4 - Il faut, et l'application de telles mesures serait de nature à le permettre financièrement, traiter les professionnels de santé comme ils doivent l'être, c'est à dire qu'il faut leur permettre de travailler normalement et de percevoir des revenus normaux. Ils ne sont pas comptables du laxisme et de la mauvaise gestion des organismes sociaux.

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