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Ce que je crois...
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17 mars 2008

Le village d'Astérix

S'il y a une chose je ne regrette pas ce matin, c'est bien de n'avoir jamais fait de politique active ! Et pourtant, j'ai bien failli en prendre la décision ces derniers mois, pour contrer le fait qu'au niveau du conseil municipal de ma commune, une personne (très) proche avait accepté de figurer sur une liste "de gauche". Grand bien m'a fait de ne pas aller jusqu'au bout de mon idée : non seulement ni elle ni sa liste n'ont obtenu le résultat escompté, mais, plus important encore, mon opinion quant au comportement des citoyens de mon pays ne s'est vraiment pas améliorée au cours de ce week-end électoral...

S'engager dans l'action politique, à quelque niveau que ce soit, relève en quelque sorte du sacerdoce, du moins si l'on veut le faire sérieusement : cela suppose rien moins que l'abandon de soi, au service de ses concitoyens. Loin de moi l'idée d'exiger de ces derniers une quelconque reconnaissance (ce sont les élus qui leur doivent, au contraire, cette reconnaissance-là pour leurs votes), ni un respect forcé qui n'aurait à mes yeux aucune valeur (le respect ne vaut que spontané et sincère, sinon il s'apparente très vite à la servilité et à l'hypocrisie, et n'a donc aucun intérêt), mais je pense que l'on est en droit de leur demander, au minimum, un comportement de bon sens et si possible intelligent.
Or, ce n'est pas la première fois que j'émets des doutes quant à ces deux critères au sujet du corps électoral de ce pays (mais en est-il autrement ailleurs ? Voire...). L'incohérence des comportements des électeurs n'a bien souvent d'égale que leur manque criant de maturité et de culture politiques.

En outre, je n'ai pas non plus l'impression que les commentateurs qui s'en donnent "à coeur joie" ce matin relèvent le niveau du débat. J'ai envie de dire "au contraire"...

- En mai dernier, 85 % des électeurs (un score considéré comme historique) se sont rendus aux urnes pour élire à une très large majorité leur Président, sur un programme clairement et précisément orienté "à droite" et "libéral".
- Le mois suivant, ils lui ont donné lors des élections législatives une large majorité pour gouverner, et appliquer ledit programme.
- Hier, 9 mois seulement après, avec un taux d'abstention record cette fois-ci, ils élisent à la tête de leurs mairies et de leurs départements une majorité d'hommes et de femmes qui se réclament de la sensibilité exactement inverse !

Que s'est-il passé entre temps ? Quel cataclysme ou quelle catastrophe imputable à leurs élus du printemps dernier s'est produit dans ce pays ? Le Président, les députés, le gouvernement, auraient-il fait le contraire de ce qui était promis ? Ou, à tout le moins, auraient-ils failli lourdement dans l'accomplissement de leurs promesses électorales ? Les électeurs seraient-ils fondés à croire qu'ils ont été trompés ?
Que nenni ! Et d'ailleurs, nombre des ministres qui se présentaient aux municipales sont élus, et les sondages (avec toutes les réserves que l'on doit émettre à leur égard) propulsent le premier d'entre eux au zénith de la popularité ! Il ne semble donc pas a priori qu'une majorité de Français rejettent massivement l'action gouvernementale.
D'ailleurs, des premiers résultats en sont d'ores et déjà visibles, notamment en ce qui concerne l'emploi.
Incohérence, vous dis-je...

Mais il reste cependant à analyser les raisons de ce comportement a priori incompréhensible.
Selon moi, elles sont de deux ordres, et j'ai pu constater à l'écoute des quelques analystes politiques impartiaux (si, si, il en existe...), sur les plateaux de télévision hier soir, que mon approche n'était pas solitaire :
1) La réaction "épidermique" et insuffisamment contrôlée des électeurs à l'égard du comportement médiatique du Président. Les Français n'apprécient pas les "gesticulations" et les "frasques" trop fréquentes et trop souvent mises en scène de Nicolas Sarkozy. Je dois dire que je suis plutôt en accord avec eux sur le sujet (Voir notamment mon article du 25 février concernant son incartade verbale au salon de l'agriculture).
2) L'impatience qu'ont ces mêmes Français de percevoir les résultats concrets des réformes entreprises en conformité avec le programme qui les a motivés dans leurs choix au printemps 2007. Impatience très fortement exacerbée d'ailleurs par les difficultés économiques du moment, à commencer par l'épineux problème du pouvoir d'achat O combien "monté en épingle" par la presse de gauche depuis plusieurs mois, dans l'optique évidemment de l'échéance électorale qui a vu hier son épilogue malheureux.

Ainsi en va-t-il de l'humeur versatile des électeurs, savamment "orchestrée", "cuisinée" et "modelée" selon une technique éprouvée par des journalistes et des politiciens rompus à l'exercice. Je n'ai pas besoin de rappeler ce que j'exposais en décembre dernier dans un article consacré en partie au "pouvoir médiatique". Entre des mains expertes, cela peut à bon droit s'appeler "lavage de cerveaux". Et ça marche...
En tout cas, ça a marché cette fois-ci, et être convaincu, comme je le suis moi-même, que c'est une bien mauvaise chose pour la France et surtout pour les Français n'arrange rien à l'affaire. Il n'est même pas certain que les effets négatifs de ce scrutin, qui ne manqueront pas de se faire jour plus ou moins rapidement, seront perçus par une opinion qui, bien sûr, va continuer à être manipulée par une opposition qui reste autant en recherche d'existence réelle après les municipales qu'avant ces dernières...

Mais ce comportement des électeurs aura forcément des effets négatifs, car dans le cadre de la décentralisation (dont je continue cependant de dire qu'elle est indispensable, largement bénéfique, et qu'elle n'est pas menée assez rapidement), dans ce cadre donc, ces nouveaux élus, adeptes d'une politique qui privilégie très largement la distribution de fausses oboles, appelées "aides sociales", évidemment financées par l'impôt, à la mise en oeuvre des conditions favorables à une vraie création de richesses, par la modernisation et la libéralisation de l'économie, et notamment par le desserrement de l'étau fiscal, ces élus donc ne vont pas manquer, comme ils l'ont toujours fait dans le passé, de procéder aux augmentations des impôts locaux directement induites par ces largesses parfaitement inutiles puisqu'à effets très éphémères.
Reprendre d'une main ce qu'on donne de l'autre, voilà le seul comportement possible tant que l'on ne crée pas les conditions de l'expansion.
Le gouvernement actuel est l'artisan des réformes qui peuvent seules permettre cette expansion économique indispensable. Encore faut-il ne pas "mettre la charrue avant les boeufs" et distribuer par avance des bénéfices que l'on n'a pas encore dégagés. Dans une entreprise quelle qu'elle soit, ce comportement est celui qui mène inéluctablement à la faillite. En économie publique, la faillite n'existe pas. La conséquence est le creusement permanent du déficit budgétaire. C'est ce que nous avons fait pendant trente ans. C'est ce que, si nous les laissons faire, les élus d'hier continueront de faire demain.

Il faut cependant raison garder, et j'en viens au traitement que les médias, presse écrite ou télévision, font du sujet ce matin. A les entendre, nous assistons à une "déferlante", à une "vague rose", à un "vote sanction ", et encore à une "claque magistrale pour Nicolas Sarkozy". J'ai même lu sous la plume d'un éditorialiste le terme de "grosse branlée pour la droite", tout aussi critiquable que le "pauv'con" du Président le mois dernier. Quelle exagération, et quel manque de respect pour leurs lecteurs de la part de ceux dont le métier est d'informer, pas de travestir la réalité !

Car enfin, de quoi parlons-nous exactement ?
- Aux municipales de 2001, la droite avait conquis 40 grandes villes précédemment gérées par la gauche. Hier, la gauche en a reconquis 39. Est-ce vraiment plus important qu'un simple "retour de balancier" ?
- Hier toujours, sur la France entière, toute la gauche a "fait" 49 % des voix, la seule UMP (le parti du Président) 47 %. Est-ce vraiment la fin d'un système ?
- Sur le plan des cantonales, neuf départements sur une cinquantaine ont basculé de droite à gauche. Est-ce que l'état va chanceler sur ses bases pour ça ?
- A Paris, le maire PS sortant a été réélu avec 3 points de plus de majorité par rapport à 2001. Peut-il pour autant parler de plébiscite ?
- La deuxième ville de France, Marseille, et la cinquième, Nice, conservent un maire de droite malgré une offensive sans précédent du parti socialiste, qui criait déjà victoire au soir du 1° tour. Est-ce finalement un si beau fait d'arme ?

Alors, Messieurs les journalistes, essayez, si vous savez le faire, de garder votre sang froid, et, pour une fois, de ne pas user de stratagèmes rhétoriques et de contre vérités pour vendre un peu de papier ! Il n'y a pas eu de révolution, il ne s'agissait après tout que d'élections locales, avec des conséquences locales, sur les finances locales, et ce sont les contribuables locaux qui, finalement, paieront le plus fort du prix de leur comportement...
Ca ne signifie pas que l'affaire est de peu d'importance. Je maintiens que cette erreur coûtera cher. Cependant, le gouvernement aurait tort d'en tirer de mauvaises leçons. Il faut continuer les réformes en cours et mettre en chantier rapidement celles qui étaient prévues. Il faut même les accélérer, afin d'en précipiter dans le temps, dans toute la mesure du possible, les effets bénéfiques sur l'économie et sur le bien-être des citoyens, et il faut user de tous les leviers disponibles pour que les finances locales ne soient pas mises à mal par les actions inconsidérées dont sont coutumiers bon nombre d'élus de la sensibilité vers laquelle les électeurs d'hier ont penché majoritairement.
L'avenir, n'en doutons pas, donnera raison aux sages et aux dirigeants compétents et sérieux.

Une petite consolation pour moi "dans ce monde de brutes". J'habite un petit hameau dans une commune qui compte exactement 1287 électeurs, dont 1115 d'entre eux se sont déplacés hier à leur bureau de vote (soit quand même près de 87 % de taux de participation).
Quatre listes étaient en présence pour 19 conseillers à élire ! Il y avait en effet deux listes de gauche, dont une ouvertement étiquetée "PS" et l'autre qui ne le disait pas (ou n'avait pas le droit de le dire : ce que le parti veut...), la liste du maire sortant ("sans étiquette") et une quatrième menée de manière dissidente par une de ses adjointes. Il y avait donc, en définitive, deux listes "de l'opposition" et deux autres qui, sans être officiellement "de la majorité", étaient en tout cas "opposantes à l'opposition". Et comme "les ennemis de nos ennemis sont nos amis"...
Et bien, cette petite commune du Pas de Calais fait aujourd'hui à mes yeux figure de "village gaulois", puisque contrairement à la moyenne nationale le résultat est sans appel, avec seulement 3 élus de gauche sur 19...

Ici, le ciel rose ne nous est pas tombé sur la tête, par Toutatis !...

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