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10 avril 2008

La vache à lait

Je me suis livré à quelques recherches et à un petit calcul destinés à me faire une opinion quant à ce qui se passe en ce moment chez Dacia en Roumanie.

Car, en effet, cette firme roumaine étant une filiale de Renault, je me pose évidemment la question de l'image que peut avoir la France dans ce pays émergeant d'Europe de l'est. Je me souviens de l'image négative qu'ont pu renvoyer de nos amis d'Outre Atlantique certains comportements d'entreprises américaines en France à une certaine époque, et j'ambitionne bien sûr pour notre pays une image plus positive chez nos voisins des Balkans. Même si la mauvaise opinion dont je parle, d'Opel en Allemagne ou de Ford en France, était (et reste aujourd'hui) passablement déformée par le prisme de l'opinion qu'on est capable de se faire des économies transnationales, quand on n'en est pas un spécialiste.

Pour avoir ensuite fait une partie de ma carrière professionnelle en relation directe avec une entreprise américaine, j'ai pu alors me rendre compte de certaines de mes erreurs de jugement. Sans vouloir minimiser l'esprit hégémonique des entreprises de l'Oncle Sam sur les économies notamment européennes, ni prétendre qu'elles ne sont pas capables d'abus, il ne faut jamais comparer l'incomparable, et nous devons bien admettre que nous demandions, à l'époque, le beurre et l'argent du beurre. Je veux dire les investissements, c'est à dire l'emploi, et les dividendes, c'est à dire des salaires du même niveau qu'Outre Atlantique, ce qui est tout simplement incompatible, puisque s'ils investissaient ici, c'était justement parce que les coûts de production étaient plus faibles que chez eux. Sinon, quel aurait donc été leur intérêt ?..

Et bien c'est, au vu des chiffres, ce même raisonnement que sont en train de faire nos amis roumains vis à vis de Renault.

Quand nous entendons que les salariés de Dacia réclament une augmentation de 550 lei, c'est à dire l'équivalent de 150 €, pour porter leur salaire moyen mensuel à environ 1600 lei, soit 335 €, cette revendication nous parait a priori, même pas seulement raisonnable, mais tout simplement dérisoire. Un peu plus de la moitié du RMI !..

Mais quel est le salaire moyen en Roumanie ? 866 lei, soit 235 € ! Le salaire moyen actuel chez Dacia est déjà de 284 €, c'est à dire supérieur de 20 % à la moyenne nationale. Et la satisfaction de leur revendication porterait cette différence à 42 % ! Quel est l'investisseur qui accepterait (qui pourrait) supporter un tel bond de ses coûts d'exploitation ?

Aux dernière nouvelles, la direction de Dacia propose une première augmentation de 210 lei (57 €), puis une seconde  en septembre prochain de 88 lei (24 €), sans parler d'une prime de rattrapage de 300 € pour l'année passée. Le salaire moyen passerait ainsi, dès septembre prochain, à l'équivalent de 365 €, toujours à comparer aux 235 € que représente le salaire moyen en Roumanie, soit un "plus" de 55 %.

En France, le salaire moyen ressort à 1400 € (source Insee ce matin). Mathématiquement, le salaire qui est offert à nos amis roumains par Renault-Dacia correspond donc, dans l'Hexagone, à 2170 €. Quel est l'ouvrier, de Renault par exemple, qui, en France, refuserait une telle progression de son salaire net ?

Seulement voilà, Renault est une firme française, dont la richesse apparente, vue de Roumanie, est exorbitante comparée à l'économie locale...

On est bien devant le même comportement que celui dont je parlais plus haut par rapport aux enteprises américaines dans les années 70 : celui qui consiste à traire la vache à lait. Pas étonnant que cette vache-là ne se laisse pas faire...

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Commentaires
N
Il faut comparer le pouvoir d’achat et non pas les salaires ! <br /> Et selon une étude d’Eurostat, les travailleurs au salaire minimum en Bulgarie et en Roumanie sont les plus pauvres d'Europe en terme de pouvoir d’achat.<br /> <br /> De plus, il faut en considérer l’évolution et non pas faire une comparaison à un moment donné.<br /> La mondialisation même dans sa traduction au sein de l’Europe a toujours eu pour effet de rapprocher les économies les unes des autres. C’est en cela qu’elle est profitable pour tous, à terme.<br /> L’entrée d’un pays dans l’Europe est une manière d’accélérer le processus. On l’a très bien constaté avec le Portugal, l’Espagne ou la Grèce il y a y plus de 20 ans. Ces pays on vu leur niveau de vie augmenter considérablement jusqu’à rattraper celui des autres pays de la Communauté.<br /> Il se passera la même chose pour la Roumanie ou du moins il faut l’espérer.<br /> Leurs salaires ont commencé à augmenter et cette hausse va se poursuivre, c’est inéluctable !<br /> <br /> Un rapport relatif au deuxième trimestre de 2007 et réalisé par le Bureau de Statistiques de l’Union Européenne, EUROSTAT, indique que la Roumanie, par rapport aux autres pays de la région, a enregistré la plus grande croissance des coûts de la main d’œuvre. <br /> Pourtant leur pouvoir d’achat ne s’est guère amélioré du fait, d’une part de la dévaluation de leur monnaie et d’autre part d’une forte inflation.<br /> <br /> Alors, c’est vrai que les ouvrier de DACIA profite peut-être de leur appartenance à un Groupe international et font probablement des comparaisons abusives avec les salaires des ouvriers français, néanmoins il faut considérer leurs revendications salariales d’une part en terme de pouvoir d’achat et d’autre part dans une tendance normale de rapprochement des pays participant à la mondialisation et plus particulièrement à la Communauté européenne.<br /> <br /> D’ailleurs on assiste au même phénomène en Indes avec des salaires qui ont augmenté en moyenne de 15,1 pour cent en 2007.
R
Un exemple de plus de notre incurie à l'intertnational !
C
Cela n'a rien à voir avec le fond de votre billet, mais s'y rapporte : l'image de la France s'est non pas ternie mais estompée chez la « sœur latine » de l'Est. Alors que la Roumanie était un pays très francophile, voire semi-francophone, elle est en passe non seulement d'abandonner le français, mais également de s'angliciser. Quoi d'étonnant, puisque les Français ringardisent sans cesse la Francophonie ? Ne nous étonnons pas non plus que l'image de la France en souffre... mais il est vrai qu'ici les préoccupations sont plus bassement matérielles.
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